Chaque année, l’Armée de l’Air et de l’Espace (AAE) organise l’exercice interallié VOLFA, un entraînement d’ampleur destiné à préparer les forces aériennes françaises et interalliées à un combat de haute intensité dans un contexte de coopération.
Du 29 septembre au 10 octobre, pour l'édition 2025 de l'exercice VOLFA orchestré par le Commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), plus de 1 000 militaires et une cinquantaine d’aéronefs ont été engagés sur une douzaine de bases aériennes sur l'ensemble du territoire national. Conçu pour reproduire les conditions d’un engagement opérationnel complexe et réaliste, il a permis de tester la coordination interarmées et interalliée dans des scénarios de haute intensité, mêlant opérations aériennes, terrestres et maritimes. VOLFA est aujourd'hui reconnu comme étant un exercice majeur pour la préparation opérationnelle française, visant à entraîner ses unités à des missions aériennes complexes dans des conditions proches de la réalité opérationnelle.
Objectifs et enjeux:
L’exercice s’inscrit dans un contexte de haute intensité, où les forces doivent se préparer à des scénarios complexes et réalistes: raids de jour et de nuit, supériorité aérienne, reconnaissance, transport tactique, ravitaillement en vol, opérations en conditions dégradées. L’édition 2025 se distingue par une dimension multidomaine: elle mobilise non seulement l’aviation de chasse et de transport, mais aussi des moyens venus du cyberespace, du spatial et de la guerre électronique. L’objectif est de simuler des environnements modernes où les communications, les satellites et les radars sont autant de cibles que les avions eux-mêmes.
Avec VOLFA 2025, l’AAE affirme sa volonté de maintenir un haut niveau de préparation opérationnelle et d’adapter ses capacités au modèle de combat auquel elle pourrait être confrontée.
Dimension interarmées, interalliée et multichamps:
L’un des atouts de VOLFA 2025 est sa dimension pluridisciplinaire: l’exercice se déroule en coordination avec l’Armée de Terre et la Marine nationale, mais aussi avec des partenaires étrangers tels que les forces aériennes du Canada, du Royaume-Uni, de la Grèce et de l’Italie. Il embrasse en outre le concept de conflit « multimilieu-multichamps » (M2MC) avec l’intégration des domaines cyber, spatial, électromagnétique, informationnel et de très haute altitude.
VOLFA 2025 a ainsi réuni plusieurs aéronefs des forces alliées. Le Royaume-Uni y a participé avec un A400M et le Canada avec un CC-130J-30, tous deux déployés depuis la Base Aérienne 123 d’Orléans-Bricy, ainsi que la Grèce et l’Italie, respectivement engagées avec quatre F-16C/D et trois Tornado IDS/ECR opérant depuis la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan. La coopération nationale a également été mise à l’honneur grâce à la participation de la Marine nationale mobilisant des Rafale M, un E-2C et une frégate multi-missions (FREMM) et de l’Armée de Terre, notamment à travers l’exercice AEGIS, qui a permis de recréer un environnement réaliste de défense sol-air multicouches.
La participation étrangère à VOLFA 2025 n’est pas anecdotique: elle constitue un élément central de l’exercice, tant pour la France que pour ses alliés. Elle permet de tester la coopération opérationnelle, de préparer l’engagement dans des structures multinationales comme l’OTAN et de donner un réalisme renforcé aux scenario de combat modernes.
Cette dimension multinationale permet ainsi à la France de renforcer son interopérabilité avec ses partenaires et de préparer la future Force de réaction rapide de l’OTAN, dont elle prendra la tête en 2026.
Déploiement et zones d’entraînement:
Le centre nerveux de VOLFA 2025 se trouve sur la Base Aérienne 118 de Mont-de-Marsan, d’où sont planifiées la plupart des missions. Globalement l'ensemble du réseau national est mobilisé et l’exercice s’étend sur tout le territoire entre la Base Aérienne 113 d'Orléans-Bricy, pour les avions de transport tactique, la Base Aérienne 120 de Cazaux pour les hélicoptères, la Base Aérienne 125 d'Istres, base à partir de laquelle opèrent les ravitailleurs A330 MRTT et enfin la Base Aérienne 702 d'Avord où sont basés les avions de surveillance aérienne E-3F AWACS.
Certaines manœuvres ont même eu lieu sur des aérodromes civils, comme celui de Cahors-Lalbenque, où des A400M Atlas ont effectué des posés d’assaut et des largages de parachutistes.
Scénarios réalistes et exigences opérationnelles:
Sur les bases, le rythme est intense. Chaque jour, des dizaines de missions sont planifiées et exécutées dans un contexte volontairement incertain. Les participants sont confrontés à des missions exigeantes: neutraliser des navires, sécuriser un espace aérien, affronter des défenses sol-air adverses, évoluer dans un environnement électromagnétique dense, gérer des ravitaillements en vol complexes…
Dans les centres de commandement, comme le CDAOA, des équipes de coordination suivent en temps réel la situation grâce à des écrans retraçant la position des avions et la progression des missions. Le CDAOA tient une place centrale dans le déroulement de l’exercice VOLFA 2025. Il orchestre les scénarios, coordonne les moyens et ajuste en temps réel les décisions pour reproduire fidèlement les contraintes d’un engagement réel. Tout au long de l’exercice, le CDAOA supervise le flux des missions, répartit les rôles opérationnels et surveille la cohérence tactique de chaque action. Il représente le lien entre le commandement stratégique et les unités engagées sur le terrain. Chaque matin, une cellule de planification rassemble les retours des vols précédents pour ajuster les scénarii du jour : contraintes météo, seuils tactiques, redéploiement de plateformes. Le CDAOA s’assure que les missions restent crédibles, progressives et équilibrées selon les capacités disponibles.
L’un des enjeux majeurs du CDAOA durant VOLFA 2025 est de gérer les aléas: avaries techniques, incidents radar, brouillages ou autres perturbations. Il doit réagir rapidement, redistribuer les moyens si nécessaire, ajuster les trajectoires et faire évoluer le scénario tout en préservant l’intégrité et l’intérêt de l’entraînement. De plus, pour une meilleure immersion, les équipes « adverses » (Blue vs Red) sont pilotées en partie sous contrôle du CDAOA, qui supervise les degrés d’opposition, les règles d’engagement, et les conditions du champ de bataille simulé (zones de non-droit, menaces sol-air, brouillage électronique…).
Si les pilotes sont les plus visibles, VOLFA 2025 mobilise bien plus largement: des mécaniciens, logisticiens, cuisiniers, spécialistes du renseignement ou de la météo. Tous contribuent au succès des opérations. Le Commissariat des armées, responsable du soutien et de la logistique, est également mis à l’épreuve. Hébergement, alimentation, transport: tout est pensé pour fonctionner comme en conditions réelles, parfois sur des sites isolés.
Des enjeux stratégiques pour la France:
Dans un contexte international marqué par des tensions croissantes, l’armée française se prépare à faire face à des adversaires capables de contester sa supériorité technologique et aérienne. VOLFA 2025 vise donc à valider la réactivité et la cohérence de toute la chaîne opérationnelle, du pilote au centre de commandement et à démontrer que la France peut encore projeter une force aérienne crédible, efficace et adaptable.
« Nous devons être capables de frapper vite, fort et en coordination avec nos alliés, VOLFA 2025, c’est la preuve que cette ambition reste à notre portée » a résumé un officier de l’état-major
À travers cet exercice, l’armée de l’Air et de l’Espace montre qu’elle s’adapte à un monde où les guerres se jouent autant dans le ciel que dans les données. De la planification stratégique à la maintenance, en passant par la logistique, tout est mis en tension pour s’assurer que, le moment venu, chaque maillon de la chaîne saura répondre présent.
Un grand merci à la cellule communication de la BA118 et au Sirpa AIR pour l'organisation de cette journée, au personnel de la base pour leur accueil chaleureux et aux personnes ayant rendu cette journée possible.